Au-delà des interdits intériorisés : les enjeux du paramètre genre dans la perception de soi et de son travail

Au-delà des interdits intériorisés : les enjeux du paramètre genre dans la perception de soi et de son travail

PRESENTATION DE L’ARTICLE en cours de finalisation pour publication :

Dans les sociétés égalitaires du point de vue du droit, les barrières officielles auxquelles se heurtaient les femmes au XIXe siècle et début du XXe – l’interdit d’étudier, de publier, d’occuper certains emplois – ont été éradiquées. Pourtant, les limitations non seulement demeurent, mais encore se manifestent sous des formes moins visibles, donc plus insidieuses, telle que celle très documentée dite du « plafond de verre ». De plus, les anciens interdits ont été en partie intériorisés.
De nombreux stéréotypes de genre sont exposés comme des vérités, alors qu’il a été démontré que les représentations sont des constructions (Le Dœuff, 1998). Ces perceptions négatives, véhiculées par la doxa, contribuent à l’auto-dévalorisation et au manque de confiance en soi dont souffrent la plupart des femmes à des degrés divers. Le fait de douter de ses compétences a des conséquences importantes sur les aspirations professionnelles. Il a été constaté que les femmes ont tendance à se construire sur le renoncement (Mosconi, 1994). Une estime de soi défectueuse peut être la source de toutes sortes de difficultés au travail, ce qui mène à l’instauration d’une dialectique délétère, car « la reconnaissance d’un travail par soi-même et par les autres est considérée comme un élément essentiel de la construction identitaire (Maruani, 2018) ».
Dans quelle mesure les femmes reprennent-elles à leur propre compte les discriminations exercées contre elles ? Loin de minimiser les obstacles sociétaux, la question suggère au contraire l’étendue de ces derniers. Il est vital de déconstruire l’argumentation qui consisterait à blâmer la victime.
Est abordée dans un dernier temps la recherche de solutions, au niveau du langage et au-delà. Certaines découvertes récentes en neurobiologie tendent à montrer que les représentations négatives peuvent être désamorcées : le concept de plasticité cérébrale apporte un éclairage nouveau sur les processus de construction sociale et culturelle des identités sexuées (Vidal, 2013). Il en est de même pour la mise au jour du sentiment d’impuissance acquis – learned helplessness –phénomène fréquent chez les femmes, qu’il est possible de désapprendre (Schenkel, 1992).

A suivre…