Conte des temps anciens et des temps modernes
Il était une fois une enfant abandonnée au fond d’un trou. Elle vivait là – seule et abandonnée. Elle mangeait les champignons qu’elle trouvait, et les vers aussi. D’autres avaient d’autres festins.
L’hiver, le vent soufflait dans cet abri de fortune et y apportait sans cesse des feuilles sèches, d’abord rousses comme les cheveux de l’enfant, puis brunes comme la terre – somptueux tapis de sol, vite dispersés.
Once upon a time, il était un rat qui arpentait sans cesse les corridors du château. Il vint jusqu’à l’enfant, qui fut aux anges. Elle avait enfin un ami. Elle attendait ses visites avec impatience. L’idée ne l’effleura même pas qu’il fût étrange qu’ils puissent se parler.
Parfois elle le suivait le long des galeries étroites et humides, sans pour autant pouvoir sortir à l’air libre, étant arrêtée par sa taille ; mais elle trouvait grâce à lui la force de survivre. Il lui racontait des histoires : l’histoire de la Porte Magique, l’histoire de la Licorne… Il lui apportait des bouts de fromage et des baies de l’extérieur. Mais plus que son corps, il nourrissait son âme. Ses histoires enchanteresses et ses regards tendres la faisaient revivre. Même lorsqu’elle est malheureuse, peut-être surtout lorsqu’elle est malheureuse, l’enfance a ses contrées secrètes…
Il était une fois, de l’autre côté de la terre, un enfant abandonné au fond d’une famille. Certains foyers sont des prisons où sont enfermés des innocents. Une épée de Damoclès en permanence au-dessus de sa tête, il était parcouru d’un tremblement constant…
Elle avait grandi. Le rat avait cessé, un jour, de venir la voir. Ce furent alors les moments les plus sombres. Seule, la vie est tellement plus dure. Même un rat peut vous suffire comme compagnon, s’il vous comprend. Il lui avait appris à creuser des entailles avec des branchettes déposées par le vent, formant ainsi des sortes de marches. Et elle continuait, jour après jour, à grimper le long de la paroi et à y aménager des encoches. Elle montait, prélevait un peu de terre, glissait, remontait et recommençait. Chaque fois, elle montait un peu plus haut.
Et vint le jour où elle put se hisser hors du trou.