Emotions… 2 COLERE
COLERE
La première émotion qui jaillit de ce qui devait se révéler une boîte de Pandore lorsque j’arrêtai de fumer, ce fut la colère… le genre de colère que l’on ressent quand on est atteint au plus profond de son être, de sa dignité. Nonobstant les nombreux préjugés contre la colère – qui n’existerait pas en soi, qui ne serait qu’une stratégie de couverture à la peur ou à la tristesse – je suis convaincue qu’elle est à prendre très au sérieux, comme la marque significative d’une blessure profonde.
Quand nous avons dû, enfant, subir des agressions répétées, un ressentiment s’est installé en nous, que nous avons besoin d’écouter pour guérir nos blessures. Si notre colère s’adresse à un affront présent, son message est de que nous avons besoin de nous défendre contre une agression. « Une fois que nous aurons appris à vivre avec nos sentiments au lieu de les combattre, les manifestations de notre corps ne nous apparaîtront plus comme une menace, mais comme de salutaires rappels de notre histoire », nous dit Alice Miller dans Notre corps ne ment jamais (p. 115).
Certains comportements sont activement encouragés ou découragés, selon que l’on soit un homme ou une femme, de plus souvent de manière implicite. Les représentations dissymétriques révèlent un système de valeurs sous-jacent : l’image de l’homme fort, tranquille, silencieux, montrant peu d’émotions, est proposée comme un modèle supérieur à celui de la femme émotive. Mais s’agit-il d’émotion vraie dans l’un ou l’autre cas ? Il me semble au contraire que sentir et exprimer l’émotion dans sa justesse reste associé à une faiblesse. La réalité est que nous oscillons la plupart du temps entre banalisation et dramatisation. De fait, ni les hommes, ni les femmes n’ont le droit aux émotions…
A suivre…