LES EMOTIONS ET LA BOITE DE PANDORE
Tout commença lorsque j’arrêtai de fumer. Ce fut soudain comme si j’avais ouvert la boîte de Pandore : des émotions jaillirent sans prévenir – des émotions anciennes, enfermées en moi depuis l’enfance.
Je déplore que les émotions ne soient pas encouragées du tout dans notre société. Il ne faut surtout pas montrer la moindre émotion. Exprimer une émotion en public, dans le milieu professionnel par exemple, est la plupart du temps perçu comme un signe de faiblesse ou d’originalité suspecte. Il faut se cacher pour pleurer, même si la situation donne toutes les bonnes raisons d’être triste ; même si l’on vient d’apprendre le décès d’un collègue, il convient de maintenir une attitude digne qui correspondrait davantage selon moi à celle d’un robot que d’un véritable être humain.
Or les émotions font partie de notre fonctionnement. Elles nous donnent de précieuses informations si nous les écoutons. Elles sont comme la vie dans la nature. Les plantes ont besoin de soleil et d’eau pour se développer sainement ; les émotions ont, quant à elles, besoin d’amour et d’attention… De nombreuses études montrent les problèmes rencontrés lorsque nous les refoulons, les ignorons ou les dramatisons (la dramatisation est l’une des multiples façons de ne pas être en contact avec ce que nous ressentons vraiment).
Les émotions qui n’ont pas pu être exprimées s’accumulent en nous, – elles nous encombrent, un peu comme les objets qui s’accumulent parfois dans nos placards : en forçant un peu sur la porte, on arriver à la fermer (combien de fois avons-nous entendu, dans notre enfance et au-delà : “ferme-la!” – et pas qu’à propos d’une porte de placard !) Et un jour, quand on ouvre ce placard, une avalanche d’objets nous tombe dessus… En revanche, si on vide le placard régulièrement, les objets ne s’accumulent pas ; il est plus aisé d’organiser leur tri et leur rangement, pour y avoir accès selon nos besoins.
Il en est ainsi pour nos émotions, d’une certaine façon. Et au fur et à mesure de ce processus, les émotions ainsi compressées, susceptibles de jaillir à chaque ouverture du “placard”, deviennent des sortes de monstres à nos yeux. Or les émotions sont nos amies ; elles sont une des facettes de notre force, de notre authenticité, de notre intelligence. L’intelligence émotionnelle est maintenant très documentée…
A suivre…