PUBLICATION ECRITURES CREATIVES – CREATIVE WRITING

PUBLICATION ECRITURES CREATIVES – CREATIVE WRITING

Un de mes articles traitant du processus d’écriture vient de paraître dans un ouvrage collectif – disponible dans toutes les bonnes librairies :

« Ecriture créative : une approche du rapport dialectique entre théorie et praxis », in Les écritures créatives : représentations contemporaines et enjeux professionnels, sous la direction de Dominique Ulma, Anne Pauzet et Anne Prouteau, Presses Universitaires de Rennes, 2022.

Voici un extrait de mon article :

 Le sujet de l’écriture et l’écriture du sujet

 L’acte de création tend à solliciter des niveaux qui se situent hors du champ de conscience ordinaire, ce qui favorise l’amenée à la conscience d’éléments potentiellement porteurs pour le travail créatif. L’écriture, comme tout autre acte de création artistique, favorise une condition qui diffère légèrement de celle qui nous est habituelle – « un état de transe légère », comme le suggère Marie Darrieussecq[1], ou un « satori », selon Barthes : « L’écriture est en somme, à sa manière, un satori : le satori (l’événement Zen) est un séisme plus ou moins fort (nullement solennel) qui fait vaciller la connaissance, le sujet : il opère un vide de parole » (Roland Barthes, 1993, p. 11).  Espace d’une très grande richesse artistique, le niveau du préconscient est particulièrement sollicité[2].

Selon les dernières découvertes des neurosciences, « la conscience dépend de l’existence d’un espace de travail neural[3]. » Il y aurait en fait un centre de conscience, nécessitant des ajustements constants pour que tous les éléments porteurs d’information fonctionnent ensemble. Ce centre de conscience ne se limiterait pas au système conscient et, moins qu’une coupure, il faudrait concevoir plutôt un continuum : « conscient et inconscient représentent les extrémités d’un continuum plutôt que deux systèmes distincts[4]. » Le sujet se construirait en naviguant entre ces différents niveaux, et ce, par son propre récit, au fur et à mesure des fragments ajoutés à son histoire sans cesse revisitée. Ricœur nomme « identité narrative » ce récit que le sujet se fait de lui-même à propos de lui-même, et dont la temporalité est un élément majeur (Ricœur, 1990, p. 18). L’écriture créative permet d’accompagner et de moduler l’évolution de ce récit, processus d’une immense complexité.

Résumé de l’article :

L’écriture créative permet de moduler le récit que construit le sujet à propos de lui-même, ce que Ricœur nomme « identité narrative »[5]. Le but de l’article proposé ici est d’analyser le rôle de l’écriture créative dans mon enseignement de la stylistique anglaise et de mon animation d’ateliers d’écriture, notamment dans le cadre d’un concours de nouvelles organisé par mon laboratoire de recherche : est visée, dans les deux cas, la constitution d’une matrice textuelle, laquelle peut ensuite être façonnée vers l’écriture académique ou vers l’écriture de fiction. La distinction entre écriture-processus et écriture-produit pointée par Didier Anzieu dans Le corps de l’œuvre[6] se révèle un guide précieux dans cette exploration.

Mots-clés : Écriture / Écriture créative / Catharsis / Identité narrative / Plaisir du texte

[1] « J’accepte que l’écriture soit un état de transe légère » dit Marie Darrieussecq sur France Culture, Podcast 12/01/2019.

[2] Préconscient : « Dans la première topique de S. Freud, celui des trois systèmes qui, au sein de l’appareil psychique, est le lieu des actes psychiques qui, temporairement inconscients, sont susceptibles de devenir conscients. » https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/préconscient/63380.

[3] Axel Cleeremans, « Les zombies qui nous gouvernent », in La Recherche, N° 366, Juillet Août 2003, pp. 39-40.

[4] Ibid, p. 40.

[5] Paul Ricœur, Soi-même comme un autre, Paris, Editions du Seuil, 1990.

[6] Didier Anzieu, Le corps de l’œuvre, Paris, Gallimard, 1981, pp. 132-133.