AU-DELA DE LA REPRESSION DE NOS EMOTIONS : LA MAGIE DE L’ECRITURE DE CATHARSIS

AU-DELA DE LA REPRESSION DE NOS EMOTIONS : LA MAGIE DE L’ECRITURE DE CATHARSIS

Depuis la toute petite enfance, nous avons appris à réprimer nos impulsions. Un contrôle de soi en conscience est sans nul doute souhaitable. Le problème, c’est que nous finissons par acquérir le réflexe pavlovien de refouler nos émotions et nos perceptions, au lieu d’entendre le message de ces dernières. Nous sommes en conséquence coupé.e.s d’une source de précieuses informations.

L’écriture nous permet de nous remettre en contact avec notre intériorité. « Ecrire, c’est une façon de parler sans être interrompu », écrit Jules Renard, dans son Journal le 13 avril 1895 (Leçons d’écriture et de lecture, Les Editions du sonneur, p. 52).

La catharsis, mot souvent traduit par « purgation », fait référence, chez Aristote, à la façon dont la personne assistant à une tragédie est débarrassée de ses émotions excessives par le spectacle. L’écriture peut remplir cette fonction, en nous permettant d’entrer en contact avec notre intériorité afin de libérer l’expression de notre ressenti profond.

On sait à présent que l’émotion figure au cœur de la démarche rationnelle. La doxa – c’est-à-dire les discours convenus qui régissent nos sociétés – témoigne d’une méfiance acquise à l’égard des émotions. Mais cette pseudo sagesse est à remettre en question. Selon les dernières théories en neurosciences, comme celles développées par Antonio Damasio dans L’erreur de Descartes, les émotions sont la condition de possibilité de la mise en œuvre d’un raisonnement logique, en vue de la prise de décision :

“La capacité d’exprimer et ressentir des émotions est indispensable à la mise en œuvre des comportements rationnels. Et lorsqu’elle intervient, elle a pour rôle de nous indiquer la bonne direction, de nous placer au bon endroit dans l’espace où se joue la prise de décision, en un endroit où nous pouvons mettre en œuvre correctement les principes de la logique” (Damasio, 2000, p. 9).

On a opposé à tort la raison à l’émotion.  L’absence d’émotions est en fait dommageable pour le processus rationnel ; toute la démarche menant à une prise de décision nécessite d’allier l’émotion à la réflexion. D’où l’importance de savoir prendre en compte nos émotions. Une fois que nous avons librement exprimé nos états d’âme par écrit, nous pouvons choisir les actions les plus adaptées à la situation ; nous pouvons choisir d’en faire part à d’autres – ou pas…

Nous testons ainsi au fur et à mesure nos options ; nous constatons que nous sommes libres de partager ou non les affects qui nous traversent, sans les réprimer et sans nous laisser submerger non plus. Nous apprenons à faire preuve de discernement, à choisir les actions les mieux adaptées à la situation du moment ; nous découvrons que ne sommes pas condamné.e.s à répéter inlassablement les mêmes erreurs.

Le processus d’écriture cathartique aide à développer l’autodétermination. Une pratique régulière d’écriture est un chemin de réalisation de soi.